Atelier cherche artiste

Atelier cherche artiste

L’annonce

Vous êtes artiste et vous cherchez un atelier ? Le Dorothy vous propose :  

  • Un atelier de 43m2 à partager avec deux autres personnes (Ricky, styliste photo et Louise, fleuriste).  
  • 320 euros par mois.  
  • Votre pratique ne doit pas nécessiter de liquide (peinture, colle, céramique…) Le profil recherché serait donc plutôt : un dessinateur de BD, un photographe, un designer graphique, illustrateur, directeur artistique…
  • L’atelier est à partager de manière souple, en consultation avec les deux autres artistes.  
  • Il se trouve dans un lieu associatif : plusieurs publics se croisent dans ce lieu qui regroupent accueil de jour, conférences, ateliers manuels, etc. 
  • Les parties communes sont accessibles (jardin, grande salle, bar).  
  • Nous aimerions quelqu’un qui souhaiterait s’investir dans le lieu par exemple en faisant une exposition de temps à autre. 
  • Qui se sente en phase avec l’esprit du lieu : un lieu social, animé par des chrétiens, et ouvert à tous et toutes.
  • Disponible dès maintenant (août 2025), à saisir dès que possible !

Les photos

Intérieur 1

Intérieur 2

Jardin

Martha Hennessy : un pacifisme chrétien pour le XXIe siècle

Martha Hennessy : un pacifisme chrétien pour le XXIe siècle

Martha Hennessy, militante pacifiste états-unienne, était à Paris en juin à l’occasion de l’exposition “Dorothy Day. Changer l’ordre social” au Cloître des Billettes. Le 26 juin, le Dorothy a eu la joie de recevoir Martha pour une conférence exceptionnelle. Baudouin de Guillebon, bénévole au Dorothy, l’a rencontrée et a publié son portrait sur le média Première Nouvelle. Nous le reproduisons avec son aimable autorisation.

Lorsqu’on demande à Martha Hennessy combien de temps elle a passé en prison, elle sourit et répond : « Pas assez longtemps ». Une réponse devenue traditionnelle chez les militants pacifistes américains, depuis qu’elle a été prononcée par le jésuite Daniel Berrigan, le fondateur du Catholic Peace Fellowship, l’un des dix fugitifs les plus recherchés du FBI dans les années 60. Rien n’est assez pour cette lignée de chrétiens opposés aux guerres injustes, au complexe militaro-industriel, à l’emprisonnement massif et arbitraire, opposés aussi à la ségrégation et aux mille maux du désordre social. 

Martha est la fille spirituelle de ce mouvement qu’elle prolonge au XXIe siècle. Mais elle est aussi la petite-fille de Dorothy Day, co-fondatrice avec le Français Peter Maurin du mouvement des Catholic Worker. C’est d’ailleurs pour parler de sa grand-mère qu’elle est venue au café le Dorothy le 26 juin. Devant un parterre de curieux, Martha détourne les questions qui lui sont destinées pour mieux célébrer la mémoire de Dorothy, la Servante de Dieu, la pacifiste absolue, figure majeure et multirécidiviste de l’anarchisme catholique américain. Elle rappelle la jeunesse socialiste de Dorothy la journaliste, ses emprisonnements de suffragette, elle détaille sa conversion au catholicisme, ses luttes auprès de Martin Luther King, son engagement contre toutes les guerres, elle se souvient du nom de Dorothy jeté par le Pape François au milieu du Congrès américain, en 2015, comme d’autres jettent leur gant. « C’est Dorothy, dit Martha, qui m’a attrapé la nuque et qui m’a poussé à agir, elle m’a conduit là où je ne pensais jamais aller. » 

Car Martha n’est pas simplement une disciple intellectuelle de la fondatrice du Catholic Worker, elle a choisi de poursuivre sa tâche, et de renouer avec l’action militante. Une personne lève la main durant la conférence : « Pourquoi pratiquez-vous l’action non-violente ? Aujourd’hui, certains considèrent que l’action directe, la détérioration de matériel, par exemple, peut être plus efficace, n’êtes-vous pas d’accord ? » Non, Martha secoue la tête. Pourquoi rechercher la violence quand il y a tant d’autres moyens de s’opposer au système entier, à ces structures de péché qui rongent même nos consciences ? Dans l’assemblée, certains militants venus l’écouter ne semblent pas convaincus, ils semblent attirés par l’action violente, ils murmurent. 

Lorsque nous avons marché dans les rues du Xe arrondissement avec Martha, le lendemain de la conférence, cette question de la violence est revenue naturellement dans la conversation. Il y a, m’a-t-elle dit, une séduction pour la violence et la destruction qui semble ressurgir. Le pacifisme chrétien et l’action non-violente inspirée par le Christ ont-ils tout à fait disparu, cédant le pas à une nouvelle génération militante désireuse d’en découdre et de ne pas subir les violences mais de les commettre ? Martha confirme que le mouvement chrétien pour la paix est plus faible désormais, qu’il manque de figures charismatiques. Elle s’attriste de l’engouement suscité récemment par le meurtre du patron de l’UnitedHealthCare – comme sa grand-mère un demi-siècle auparavant, elle refuse de s’associer aux assassins. Elle veut construire, montrer, faire vivre : agir de manière féconde. 

En poursuivant notre déambulation, nous pénétrons dans l’église Saint Laurent où nous croisons plusieurs patrons du mouvement des Catholic Worker : saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac qui en étaient les paroissiens, la petite Thérèse de Lisieux. Saint Laurent lui-même dont la vie ne fut qu’une errance pour échapper aux griffes de l’oppresseur, qui après avoir distribué ses biens aux pauvres et aux indigents, séjourna en prison où il guérit, soigna et écouta ceux qui y croupissaient, avant que d’être brûlé sur le grill, n’était-il pas aussi un précurseur de ce mouvement auquel Martha appartient ? 

C’est peut-être par la communauté des saints, cette communauté vivante qu’il faut aborder la vie de Martha. Nous sommes assis désormais au bord du Canal Saint Martin, un saint pour les pauvres encore, selon les mots de la Légende dorée : « Un jour d’hiver, comme il passait sous une des portes d’Amiens, il rencontra un pauvre qui était tout nu. Aussitôt, coupant en deux, avec son épée, le manteau dont il était recouvert, il en donna à ce pauvre une des deux moitiés. Et, la nuit suivante, il vit le Christ lui-même vêtu de cette moitié de manteau. » 

Martha commence à parler, elle se souvient qu’à l’âge de quatorze ans, son frère a été enrôlé pour le Viêt-Nam. Le petit-fils de Dorothy Day, qui était alors l’une des incarnations de l’opposition à cette guerre, revêt son uniforme et se prépare à partir. Dorothy passe à la maison et l’interroge, elle peut l’aider à faire les démarches pour être objecteur de conscience, mais dit-elle, c’est là toute la richesse et la liberté de ce terme : tu dois agir selon ta conscience. Il remercie sa grand-mère mais il veut servir son pays, il veut partir à la guerre de l’autre côté du monde. Dorothy l’embrasse et repart manifester contre cette guerre, Martha la rejoint. Elle retrouvera son petit-fils après la guerre, du même amour qu’elle a accueilli tous ses amis partis pour la Seconde Guerre mondiale. Il faut savoir respecter la conscience de chacun, ne pas se séparer de ceux qui ont fait des choix opposés aux nôtres – maintenir les fils mêmes les plus ténus. 

Voilà le premier héritage de Dorothy Day qu’il faut poursuivre, ajoute Martha : nous devons toujours respecter notre propre conscience. La « primauté de la conscience », comme Maritain parlait de la « primauté du spirituel », ou comme le cardinal Newman avant lui écrivait que s’il devait porter un toast il le porterait d’abord à sa conscience, avant de le porter au pape.Si la conscience est première, elle doit être nourrie, c’est-à-dire informée. Martha l’a martelé lors de la conférence : il est d’une importance capitale, surtout au XXIe siècle, d’être informé. Elle cite les quelques médias qui tiennent encore la route aux États-Unis : la revue jésuite America, le National Catholic Reporter, pour la télévision l’émission d’Amy Goodman, “Democracy Now !” et à la radio, le podcast de John Dear “The NonViolent Jesus”. C’est maigre. Tout le reste est à faire. C’est pour cela qu’elle a manifesté en Corée du Sud devant une base militaire américaine, c’est pour cela qu’elle a manifesté au sein du mouvement “Witness Against Torture” lancé par la Catholic Worker Carmen Trotta contre la torture dans la prison de Guantanamo, c’est pour cela aussi que Martha figure parmi les King’s Bay Plowshare SevenLe mouvement plowshare (soc de charrue) tire son nom d’un verset d’Isaïe : « De leurs épées ils forgeront des socs de charrue », et agit contre l’usage militaire du nucléaire. 

En 2018, sept militants, dont Martha, sont entrés par effraction dans une base navale américaine, à Kings Bay, où se trouvent des sous-marins nucléaires. Ils ont déployé une bannière, affiché une photo de Martin Luther King, ils ont écrit « aimez-vous les uns les autres » sur le sol, et ont répandu leur sang. Ils ont par ailleurs déposé plusieurs livres et l’un d’eux a lu un extrait du Pape François dénonçant l’arme nucléaire, avant d’être arrêtés et emprisonnés.

Lors de son procès, Martha déclare : « Je n’ai aucune intention criminelle, je veux simplement empêcher un nouvel holocauste nucléaire. » La stratégie des actions plowshare, me dit Martha, est d’abord d’alerter, d’informer par une action remarquable. Mais ça ne s’arrête pas là, le tribunal est la seconde étape : car c’est au tribunal que l’on peut partager ce qui nous anime, le tribunal est « l’extension du Pentagone », ce sont les juges qu’il faut essayer de convertir. La dernière étape de l’action se déroule en prison où s’accomplit l’une des œuvres de miséricorde : visiter les prisonniers.

Il est étonnant de voir que lorsque Martha parle de ses séjours en prison, elle ne semble pas remarquer qu’elle y fut prisonnière, on dirait qu’elle y est entrée et qu’elle y est demeurée libre, libre afin de secourir ceux qui ne le sont pas. Cette opération lui a coûté dix mois d’emprisonnement, dix mois durant lesquels elle a tenu un journal dont elle a publié quelques extraits sur internet, elle y déplore les conditions de détention, la drogue qui circule, le caractère punitif et non miséricordieux de cette justice. Elle y note aussi la sourde angoisse qui l’étreint, la claustrophobie, l’intimité forcée avec les autres détenues, et au détour d’une phrase la grâce d’une joie soudaine : « Tout le soutien et l’amour offerts par la communauté des pacifistes m’a submergé de joie et de gratitude ». La joie ne la quitte pas, elle se répand car l’action pacifiste essaime partout. En effet, à la suite de cette opération, l’Université DePaul a créé le prix Berrigan-McAlister pour récompenser une personne ou une communauté qui incarne la non-violence chrétienne, et les Kings Bay Seven seront les premiers récompensés en 2021.

La conscience informée donc pour mieux agir. Mais agir comment, où, par des actions spontanées uniquement ? Depuis 2007, Martha a rejoint la maison des Catholic Worker de New-York, elle est revenue au catholicisme de son enfance et elle a décidé de poursuivre le travail de sa grand-mère. Devenue grand-mère à son tour, elle vit dans cette maison d’hospitalité comme une grand-mère : elle s’occupe des personnes accueillies, elle lave le sol, elle prépare la soupe, elle fait des lessives. C’est la charité quotidienne, un pacifisme de tous les jours : donner un logement et de la nourriture à ceux qui en ont besoin, pour leur permettre de vivre en paix. Car il ne s’agit pas uniquement de rechercher la paix internationale, mais aussi de faciliter la paix sociale. 

Alors Martha s’informe aussi sur la politique de son pays dont elle essaye de comprendre toutes les mécaniques vicieuses. Elle se rend malade à écouter les discours de l’Heritage Foundation, elle paye des centaines de dollars pour assister au National Catholic Prayer Breakfast, « où sont répandus toutes les fausses paroles sur le Christ », glisse-t-elle. Cette année, le petit-déjeuner est présidé par J.D. Vance qui raconte comment il a « rejoint la résistance », c’est-à-dire qu’il parle de sa conversion au catholicisme. Il se présente comme un agneau, dit Martha, il joue le naïf, il dit qu’il ne connaît pas bien la religion, qu’il a tout à apprendre, il est si à l’aise qu’il se permet de mimer la timidité. Il parle de la tradition, il parle du catholicisme dans sa vie. Martha bout intérieurement, elle est allée à cet événement pour faire un scandale, elle voulait se lever et hurler, faire du bruit pour dénoncer l’hypocrisie de Vance. Mais ce jour-là, l’Esprit Saint agit en elle, il lui semble que Vance qui s’est converti a donc la possibilité de la « métanoïa », ajoute-t-elle : il pourrait changer de regard et les cris qu’elle proférerait contre lui empêcherait ce retournement. Elle veut croire à cette transformation de Vance par la grâce. Elle se tait donc. Quelques heures après cet événement, Vance insultait copieusement Zelensky à la Maison-Blanche, dans une scène qui fut largement diffusée et commentée – il avait fini de digérer son petit-déjeuner national-catholique. 

Martha veut insister sur une dernière nécessité : il faut trouver des points d’accords, comme le répétait le pape Jean XXIII. Les chrétiens entre eux, mais aussi les chrétiens avec le reste de leurs contemporains doivent trouver des situations communes qui les poussent à marcher ensemble : « Gaza, la famine à Gaza devrait être l’un de ces points d’accord », affirme-t-elle. Elle évoque la militante Kathy Kelly, arrêtée plus de soixante fois, qui est allée au Yémen, en Irak, en Afghanistan, à Gaza, partout où les bombes américaines ont écrasé des innocents. Le travail de la paix, comme le savent les diplomates, doit toujours passer par une reconnaissance partagée, les faits, les erreurs, les maux doivent être nommés. L’œuvre pacificatrice selon Martha Hennessy doit toujours commencer par la reconnaissance de la misère et de la pauvreté : nous devons commencer le pacifisme à l’échelon le plus bas, à l’échelon qui requiert, qui exige, qui implore les puissants de lui accorder la paix. 

Le jour décline, Martha doit rentrer préparer sa valise, après un tour à la Basilique Saint Denis, il faut qu’elle se rende en Angleterre, sur l’île de Wight dans l’abbaye bénédictine Notre Dame de Quarr. Martha est oblate de Saint-Benoît, et de vieilles connaissances l’attendent là-bas. En novembre prochain, en compagnie de plusieurs membres du Catholic Worker, elle se rendra à Rome pour suivre l’avancement du procès de béatification de Dorothy Day. Des dizaines de boîtes d’archives ont été épluchées depuis trois ans. Elle espère que le dossier avancera, elle prie pour cela, tout spécialement le 29 novembre, jour de la fête de Dorothy Day. Martha tend les bras, elle nous donne l’accolade. Pax Tecum

Pour nous qui avons été élevés dans la chaleur anesthésiante des paroisses de banlieue, il est un sentiment étrange qui nous gagne, après avoir quitté Martha. Une vague surprenante qui remonte des pieds à la tête, avant que ne s’installe une certitude, celle d’avoir rencontrée une vraie disciple du Christ, une catholique d’une autre facture, de celle qui transparaît habituellement sur les vitraux. Une catholique en chair et en os, d’une discrète vigueur. 

L’histoire du lieu : le Relais Ménilmontant

L’histoire du lieu : le Relais Ménilmontant

Avant le Dorothy, de 1975 à 2017, le 85 bis rue de Ménilmontant a accueilli la maison de quartier et centre social du Relais Ménilmontant, qui devient dès sa création un lieu de vie central du quartier. Nous vous proposons ci-dessous le texte d’une conférence donnée au Dorothy en mars 2025 par Francis Raugel, trésorier du Relais Ménilmontant pendant plusieurs décennies. Il décrit les origines, les actions et le sens du Relais. Le Dorothy s’inscrit lui aussi dans le courant, l’histoire et la vocation du christianisme social. Il nous importe de mettre en lumière la belle histoire de ce lieu qui nous accueille aujourd’hui. Ce passé nous oblige.

Le Relais Ménilmontant est aujourd’hui toujours en activité : il est désormais au 70 rue des Rigoles, dans le 20e arrondissement de Paris (métro Jourdain).

Histoire du Relais Ménilmontant

Conférence de Francis Raugel (ancien trésorier du Relais Ménilmontant) au Dorothy, le 19 mars 2025.

1. Le quartier

Le quartier Belleville-Ménilmontant est historiquement un quartier populaire qui a vu passer, depuis plus d’un siècle, de nombreuses vagues d’immigrants : Auvergnats, Berrichons, Antillais, Arméniens, Juifs de l’Est puis d’Afrique du Nord, Kabyles, Arabes, Africains noirs, Tamouls, Chinois…

Il a toujours accueilli des populations d’origines variées. Avant la dernière grande guerre, on y trouvait des Italiens et des Portugais fuyant les dictatures de Mussolini et Salazar, ainsi que des Juifs ashkénazes échappés des pogroms ou des Arméniens rescapés du génocide.

Après la guerre, ce fut l’arrivée des Juifs tunisiens, puis des personnes originaires d’Afrique du Nord venues prêter leurs bras à la construction des routes, des bâtiments, des automobiles… Ces arrivées étaient organisées par l’Office des migrations internationales.

Le quartier est aussi marqué par les engagements politiques et syndicaux : débats politiques, dernière barricade de la Commune de Paris…

Au début des années 1970, le quartier voyait arriver de nombreuses familles migrantes qui découvraient la France sans en connaître les conditions de vie et qui avaient de grandes difficultés à trouver un logement et à s’insérer.

2. Pierre Loubier

En 1970, Pierre Loubier était curé de Notre-Dame de la Croix à Ménilmontant.

Ancien élève de l’École de la France d’Outre-Mer (l’ENA des colonies), il fut marqué dans sa jeunesse par son expérience du travail obligatoire en Allemagne en 1943. C’est là qu’il rencontra le syndicalisme et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), ce qui fut à l’origine de sa vocation de prêtre.

Membre de la Fraternité des prêtres Charles de Foucauld, dont il fut le responsable international, il fut nommé curé de Ménilmontant en 1969.

C’était un homme remarquable, que je qualifierais de « dynamiqueur » et « dynamiteur » !

En 1973, il accueillit dans la crypte de son église les grévistes tunisiens de la faim jusqu’à ce qu’ils obtiennent des papiers. Il accueillit également une communauté de musulmans chassée de leur mosquée par des promoteurs.

En 1975, l’archevêché de Paris envisagea de vendre un terrain lui appartenant, situé au carrefour de la rue Henri Chevreau et de la rue de Ménilmontant. Pierre Loubier, soutenu par des paroissiens et des militants, obtint que ce terrain soit consacré :

  • d’une part, à la construction de 90 logements familiaux (dont la moitié constituerait une cité de transit pour les nouveaux immigrants et l’autre moitié, du logement social classique) ;
  • d’autre part, à un espace social destiné à aider à l’insertion des familles migrantes.

C’est ainsi qu’en 1976, le Relais est né.

Pierre Loubier réalisa également la création de l’Association pour les spectacles interculturels (ASPIC), qui ouvrit une boutique rue de Ménilmontant, le Ménilmuche, et engagea des actions de découverte interculturelle dans les écoles du quartier.

Pierre Loubier est décédé en 1986 d’une maladie du cerveau. Lors de son enterrement, l’imam de la mosquée de la rue de Tanger prononça un vibrant hommage.

3. Pourquoi Pierre Loubier a-t-il fondé le Relais Ménilmontant ?

« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. »

Cette phrase de l’Évangile de Matthieu est, je crois, celle qui a guidé en profondeur l’action de Pierre Loubier.

L’accueil, c’était d’abord construire des logements pour les migrants arrivants ou récemment arrivés. C’était aussi les aider à s’adapter à leur nouvel environnement :

  • en les accompagnant dans leurs démarches administratives ;
  • en leur apprenant le français ;
  • en soutenant leurs enfants dans leur scolarité ;
  • en proposant des activités aux adolescents ;
  • en aidant les femmes à maîtriser leur environnement ;
  • en permettant aux communautés de se retrouver, de garder des liens, de célébrer des fêtes ;
  • en favorisant les rencontres et l’intégration dans le quartier.

Pierre Loubier était un acteur profondément engagé dans la promotion de l’homme et la rencontre des cultures. Mais il faut souligner qu’il mena toujours cette action sans mettre en avant sa qualité de chrétien (et encore moins de prêtre), s’appuyant autant sur des chrétiens convaincus que sur des militants sociaux. Son action était « laïque » au sens le plus profond du terme.

4. La vocation du Relais Ménilmontant

Dès le début, le Relais Ménilmontant a eu une double vocation :

4.1. Apporter une aide socio-éducative aux populations du quartier

Des actions concrètes ont été mises en place :

  • Une halte-garderie pour 14 enfants de 3 mois à 3 ans, afin d’éveiller leur sociabilité et d’aider les mamans à mieux s’insérer en France.
  • Un accompagnement scolaire pour une cinquantaine de jeunes de 7 à 12 ans.
  • Un centre de loisirs.
  • Des ateliers, dont une initiation à la musique avec l’association Musique Espérance.
  • Une forte action d’alphabétisation pour une soixantaine de femmes.
  • Des permanences d’assistantes sociales.

4.2. Offrir un espace aux organisations et associations du quartier

C’est la fonction de maison de quartier, qui a été un élément très important dans la vie du Relais.

De très nombreuses associations ont été accueillies au Relais, qu’elles soient à vocation sociale, comme :

  • l’ASTI (Association de solidarité avec les travailleurs immigrés),
  • le MRAP,
  • la CNL (Confédération nationale du logement),
  • le DAL (Droit au logement),

ou à vocation culturelle, comme :

  • Radio Soleil,
  • l’Union franco-portugaise,
  • l’ACB (Association de culture berbère),
  • MLADOST (association yougoslave).

En 1993, le Relais a été à l’origine d’une association intermédiaire d’insertion pour les femmes, ANTINEA, dont la directrice était Hanifa Cherifi, ancienne responsable du secteur Femmes au Relais. Elle avait constaté que certaines femmes immigrées ayant suivi des cours d’alphabétisation et des formations d’aides ménagères ou d’assistantes maternelles rencontraient des difficultés à s’insérer professionnellement malgré les besoins existants.

5. Le Relais au carrefour des luttes de l’immigration

Par sa vocation de maison de quartier, le Relais est rapidement devenu un lieu de rencontres, débats, soutien, préparation d’actions et d’organisation de manifestations pour les différents groupes d’immigrés de l’environnement.

Le Relais devient un espace connu des luttes de l’immigration à Paris : on y prépare des tracts, on y organise des rassemblements…

Des militants de l’immigration comme Saïd Bouziri y viennent régulièrement. Il sera d’ailleurs plus tard élu administrateur, puis vice-président du Conseil d’administration du Relais.

Radio Soleil, créée à l’été 1981, a eu pendant un certain temps son studio au Relais (et son antenne émettrice sur le balcon de la chambre de Pierre Loubier, en haut de la cité du 2 rue Henri Chevreau !).

En 1983, un comité d’accueil de la Marche des beurs – plus précisément, la Marche pour l’égalité – se crée au Relais. Il y accueillera les militants de la Marche le 4 décembre pour un repas d’au revoir.

Après la Marche, plusieurs débats et rassemblements ont lieu au Relais. L’idée d’une deuxième marche est lancée : ce sera Convergence 84, dont la base officielle sera le Relais.

En juin 2013, un collectif d’associations constitué d’acteurs des Marches se réunit au Relais pour tisser le fil historique et symbolique.

Il faut souligner qu’au cours de cette histoire, si le Relais a souvent été au cœur des mouvements qui ont parcouru l’immigration, il n’a jamais été l’organisateur ou le pilote. Son rôle était d’accueillir, soutenir, conseiller, mais pas d’agir directement.

6. Le Relais est-il un lieu chrétien ?

Si le Relais a été fondé par un prêtre catholique et présidé pendant longtemps par un catholique, s’il a comporté des chrétiens dans son Conseil d’administration, il n’a pour autant jamais été un « lieu chrétien ».

Au contraire, il a toujours veillé à être un lieu « laïc », en ce sens qu’il offrait un cadre de neutralité et d’ouverture à toutes les opinions, religions et pensées.

Cela n’empêche pas que tout le monde connaissait son origine et sa filiation, mais cela n’a jamais constitué un handicap dans ses missions.

L’arrivée massive d’immigrés dans les années soixante et début soixante-dix a incontestablement provoqué un mouvement d’une partie des chrétiens vers des actions de solidarité à leur égard.

Pour prendre un exemple, dans le MCC (Mouvement chrétien des cadres et dirigeants), en 1975, une commission sur la question des travailleurs immigrés a été créée. Elle venait s’ajouter à une commission « tiers-monde et développement » précédemment créée.

L’Église, globalement, prend conscience à cette époque des problèmes liés à la présence de plus en plus importante d’immigrés : création de la Commission épiscopale des Migrations, puis plus tard de la Commission pour le dialogue interreligieux.

Il y a donc, à l’époque, une sensibilité nouvelle et importante de l’Église de France et de beaucoup de chrétiens militants à la question de l’immigration et de ses conséquences en France.

La création du Relais se situe dans cette ambiance générale.

Pour ma part, mon engagement au Relais, comme dans la Commission Immigrés du MCC, et un peu plus tard dans le groupe œcuménique qui a mené un important travail de réflexion sur les questions liées à l’immigration, s’inscrit dans ce mouvement général de l’Église et de nombreux chrétiens de cette époque. C’était bien une manière de répondre à l’interpellation du Christ rappelée tout à l’heure.

Soirées Salsa au Dorothy

Soirées Salsa au Dorothy

Les soirées

Le Dorothy accueil une fois par mois le collectif Panela pour les soirées Salsa.

Venez danser au rythme des trompettes, des percussions et des voix d’artistes de la scène parisienne !

A chaque événement vous pourrez vous déhancher sur des sonorités d’Amérique latines, cubaines mais aussi quelques fusions.

Danseurs débutants, confirmés ou passionnés de musique live, vous êtes au bon endroit

Une Cheffe nous accompagne pendant toute la soirée avec des spécialités Afro-caribéenne

Dates

Samedi 12 octobre 2024 à 20h

Samedi 8 novembre 2024 à 20h

Samedi 30 novembre 2024 à 20h

Samedi 7 décembre 2024 à 20h

Horaires

Ouverture des portes à 19h30
Initiation de Salsa de 20h à 21h
Concert live à partir 21h, deux sets avec un entracte de 30min
Danse libre jusqu’à 1h

Les prix

L’entrée comprend une participation de 6€ qui inclut l’initiation à la salsa, l’accès au concert et le vestiaire. S’ajoute une adhésion obligatoire à prix libre (minimum 0,10€).

Bière pression (25cl) : 3,50€.
Verre de Vin : 4€
Jus de fruit : 3€
Planteur : 5€

Précédentes éditions

Poésie croisée, la nouvelle exposition du Dorothy

Poésie croisée, la nouvelle exposition du Dorothy

La Bible, une nouveauté radicale ?

L’événement

Vernissage le jeudi 10 octobre 2024 à 20h

Exposition du 10 octobre au 3 novembre 2024

Alan Levitt dessine des visages d’inconnus comme des instantanés de vie. Gabs dessinateur d’humour, rebondit sur des textes de poésie.

Deux styles différents, deux regards qui se croisent dans cette exposition, mais se rejoignent dans la poésie, l’humour et le dessin.

A noter : les artistes seront présents le samedi après-midi et au dimanche du Dorothy et sur rendez-vous en semaine.

Repair Café au Dorothy

Repair Café au Dorothy

Repair café au Dorothy

Un Repair Café, c’est l’occasion rêvée pour réparer ensemble ou faire réparer vos objets abîmés et cassés plutôt que de les jeter. C’est aussi l’occasion d’en savoir plus sur leur fabrication et leur fonctionnement !

Dans l’atelier du Dorothy, nos super réparateurs bénévoles vous attendent ce samedi 10 février dès 14h et vous proposent des réparations :
– couture/textile
– vélo
– bricolage (objets en bois, en métal…)

On vous dit à samedi !