À qui profite le complotisme ?

À qui profite le complotisme ?

Le complotisme semble se massifier ces dernières années, notamment depuis la crise sanitaire. Il divise les familles et la société, entre des clans irréconciliables, et empêche toute discussion. Politiquement, il nourrit une impasse et ne permet aucune lutte émancipatrice. Il est poreux avec l’antisémitisme, la désignation de boucs émissaires, le fascisme… À côté d’un complotisme d’extrême droite, on assiste à une diffusion préoccupante d’un complotisme d’extrême gauche. Notre époque paraît perdue, confuse, en mal d’idéologies politiques claires, émancipatrices et mobilisatrices.

Pourtant, le complotisme paraît naître de désirs légitimes : celui de comprendre notre monde et d’avoir une prise sur notre environnement, de s’opposer aux intérêts privés qui captent les ressources communes et aliènent les travailleur·se·s. Comment distinguer entre les discours critiques du pouvoir et le complotisme ? Comment combattre le complotisme tout en luttant pour la justice sociale et la démocratie ?

Il paraît nécessaire de comprendre les causes du complotisme, son histoire politique et les logiques politiques qui le suscitent. Il faudra aussi se demander quelle idéologie politique il construit, et qui fabrique ces discours. À qui profite le complotisme ?

Nous échangerons avec Marie Peltier, historienne et spécialiste du complotisme. Elle a notamment travaillé sur la propagande de guerre de Bachar el-Assad. Elle a publié L’ère du complotisme : la maladie d’une société fracturée, Paris, Les petits matins, 3 octobre 2016 et Obsession : dans les coulisses du récit complotiste, Paris, éditions Inculte, 3 octobre 2018.

ENREGISTREMENT DE LA CONFÉRENCE ICI.

Les chrétiens d’Orient, une construction politique ?

Les chrétiens d’Orient, une construction politique ?

Qu’y a-t-il de commun entre des Coptes égyptiens, des maronites ou des melkites libanais, des chaldéens irakiens, des miaphysites ou des pentecôtistes éthiopiens ou encore des Syro-Malabars indiens ? La notion de “chrétiens d’Orient” s’est imposée comme notion regroupant tous les chrétiens, de différentes confessions, dans une zone géographique floue, “l’Orient”.

Or l’Orient, et l’Orient chrétien, c’est d’abord une projection des chrétiens européens vers les terres d’origine du christianisme, où celui-ci aurait gardé quelque chose de sa pureté et de son authenticité antiques. C’est aussi une nostalgie, pour un monde englouti, bouleversé par l’islam, où les “chrétiens d’Orient” représenteraient les derniers témoins d’une chrétienté perdue. Cette nostalgie se teinte souvent d’un esprit de combat, pour lutter contre l’avancée qui serait inéluctable de l’islam. Au souvenir de l’Antiquité s’ajoute celui des croisades médiévales.

Aider les chrétiens d’Orient, ce serait alors défendre aussi l’Europe chrétienne. L’amalgame de la notion de “chrétiens d’Orient” postule l’existence d’un ensemble chrétien face à un autre ensemble, qui serait l’islam. Défendre les chrétiens d’Orient peut alors être considéré comme un épisode dans le “choc des civilisations”. Plusieurs associations françaises se donnent pour mission de “défendre” ou “soutenir” les chrétiens d’Orient : nous nous interrogerons sur leur positionnement par rapport à ces thèmes. Nous tâcherons notamment de comprendre pourquoi et comment la “défense des chrétiens d’Orient” s’est imposée comme une thématique fédératrice pour la droite identitaire française. 

Pour répondre à ces différentes questions, nous recevons Bernard Heyberger, historien, directeur d’études à l’EHESS. 

ENREGISTREMENT AUDIO DE LA CONF : CLIQUEZ ICI.

Faut-il une nouvelle loi sur la fin de vie en france ?

Faut-il une nouvelle loi sur la fin de vie en france ?

Avec la crise du Covid et le prolongement de la vie humaine dans nos sociétés occidentales, la fin de vie devient une question politique : avons-nous banni le phénomène de la mort de notre pensée éthique et du débat collectif ? Quel juste accompagnement de celle-ci ? Comment concilier respect de la volonté individuelle et exigence de prendre soin de toute vie, même celle condamnée à une mort certaine ? Nous vous proposons plusieurs conférences pour penser la question de la fin de vie, avec des spécialistes du sujet, sous différents angles et dans un esprit de débat et d’écoute des différentes opinions ayant cours sur le sujet.

Beaucoup de monde est venu au Dorothy pour écouter ce troisième temps passionnant du cycle Fin de vie !

Conférence 3 : Faut-il une nouvelle loi sur la fin de vie en France ?

Débat entre Erwan Le Morhedec (avocat, essayiste, auteur de Fin de vie en République, Cerf, 2022) et Jonathan Denis (président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité)

Enregistrement de la conférence version courte (débat) : cliquez ICI.

Enregistrement de la conférence version longue (débat + questions/interventions du public) : cliquez ICI.

La création, entre christianisme et islam

La création, entre christianisme et islam

CYCLE THÉOLOGIES EN DIALOGUE

Le Dorothy vous invite cette année à un cycle de soirées autour des théologies chrétiennes et musulmanes. Si les mots sont parfois communs entre le christianisme et l’islam, désignent-ils pour autant les mêmes choses ? Les différences permettent-elles d’éclairer nos pratiques et notre foi ? Avec nos intervenants, nous aborderons quatre concepts centraux de ces deux théologies : l’amour, la création, la prière et la justice. Ensemble, nous chercherons à confronter les conceptions dans leur ressemblance et leur différence, leur interaction et intrication, afin de mieux comprendre la singularité de chaque approche et d’ouvrir une discussion joyeuse et passionnée.

Ce cycle est organisé en lien avec l’association culturelle et spirituelle Les Salamalecs.

LA CRÉATION

À partir d’une lecture de textes sacrés et à la lumière des exégèses juive, chrétienne et musulmane, nous tenterons une détermination philosophique du concept de création : que signifie “créer” dans la Bible et le Coran ? L’acte de création est-il comparable à celui de fabrication ou de production ? Est-ce un acte propre à un Créateur divin et unique ? Et que signifie cet acte pour nous aujourd’hui ? Sommes-nous à notre tour appelé.es à créer ?

Intervenants : Mohamed Larbes, diplômé de philosophie (Sorbonne), et Thomas Sentis, doctorant en philosophie (École polytechnique).

Illustration : Adam honoré par les anges, miniature perse, XVIe siècle.

Conférence à retrouver en podcast sur Anchor

Chrétiens interpellés par l’islam 3/3 : Louis Massignon, un “catholique musulman”

Chrétiens interpellés par l’islam 3/3 : Louis Massignon, un “catholique musulman”

Louis Massignon (1883-1962) fut à la fois un islamologue catholique fondateur de l’islamologie française, un mystique ardent et l’un des précurseurs du dialogue islamo-chrétien. Or, l’année 2022 a été « massignonienne » à plusieurs titres : cela fait 60 ans qu’il est mort, il soutint sa mémorable thèse consacrée au mystique soufi el-Hallâj en 1922, thèse qui fût elle-même déposée en Sorbonne 1000 ans jour pour jour après la crucifixion de Hallâj à Bagdad en 922 ! De plus, son mentor spirituel, Charles de Foucauld, a été canonisé en mai dernier.Au-delà de ces potentiels « intersignes » auxquels ce savant et mystique était hautement sensible, les débats contemporains autour des relations entre Orient et Occident, islams et christianismes, hospitalité et « fermeture des frontières », rendent la pensée de Louis Massignon d’une brûlante actualité. 

L’anthropologue Manoël Pénicaud (CNRS) viendra nous présenter son dernier ouvrage : Louis Massignon. Le « catholique musulman » (Bayard, 2020, Prix Lyautey 2021 et Mention spéciale du prix de L’Oeuvre d’Orient). Cette biographie renouvelée, dont le titre est tiré d’une formule de Pie XI, permet de traverser la vie de ce personnage hors du commun et oublié du grand public. Comment retracer l’itinéraire singulier de celui qui fut étudiant à Al-Azhar, militaire, professeur au Collège de France, expert diplomatique, militant pour la non-violence gandhienne, disciple de Foucauld et fondateur d’un pèlerinage islamo-chrétien en Bretagne ? Que peut nous dire aujourd’hui ce grand témoin et acteur du XXe siècle ? Avec Manoël Pénicaud, chargé de recherche au CNRS (Idemec, Aix-Marseille Université), biographe de Louis Massignon et commissaire d’expositions.

L’artiste Anna Graham jouera après la conférence plusieurs morceaux dont la Gwerz Ar Seiz Sant (la Complainte des Sept Saints). Il s’agit d’un morceau composé de 54 strophes qui raconte minutieusement l’histoire miraculeuse des sept saints d’Éphèse et décrit la construction miraculeuse d’une chapelle « sans chaux, sans argile, sans marteau ni secours d’aucun homme ». Louis Massignon y a vu un lien avec la sourate 18, Al Kahf (La Caverne) qui évoque également le miracle des Sept Dormants. 

Artiste autodidacte, Anna Graham est chanteuse et compositrice. Bercée par la culture bretonne et plus largement celtique, attirée par les Arts sacrés, elle a mis au point un répertoire de cantiques bretons et de chansons traditionnelles interprétés à la guitare et la voix. Elle a publié deux albums et a récemment joué à l’Institut du monde arabe.

Conférence à retrouver en podcast sur Anchor