Cycle de conférences : Espérer dans un monde en feu

vendredi 2 février 2024 | Cycle de conférences

Le cycle

Au fil de la chronique des effondrements écologiques – marche frénétique du dérèglement climatique, chute de la biodiversité, épuisement des nappes phréatiques… -, l’espoir s’affaisse.

Angoisses, fausses solutions et tentation de l’accélération ou du fatalisme nous guettent.

Dans ce contexte, comment penser un horizon joyeux et fraternel ? Comment les ressources issues du christianisme et d’autres traditions spirituelles peuvent-elles nous nourrir dans cette quête ?

Dans ce nouveau cycle, nous donnerons la parole à des militants et chercheurs de terrain et à des hommes et des femmes de foi pour tenter d’esquisser une espérance, une apocalypse qui aurait retrouvé son royaume.

Les soirées

Jeudi 11 janvier 2024 : Face aux crises écologiques, quelle espérance chrétienne ? avec Hélène Noisette, théologienne.

Jeudi 18 janvier 2024 : L’écologie a-t-elle besoin de rituels ? avec Caroline Ingrand-Hoffet, pasteure et Chloé Gerbier, militante écologiste.

Jeudi 25 janvier 2024 Vendredi 2 février 2024 : Sans fin du monde, point de salut ? avec Joseph Gotte, chercheur en communication politique et Cyprien Tasset, sociologue.

1. Face aux crises écologiques, quelle espérance chrétienne ?

« Je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. » (Jm, 29, 11)

À une époque qui voit la poussée de partis climatosceptiques, l’embourbement des négociations environnementales et le repli sur soi, ce verbe de l’Éternel semble plus difficile à entendre que jamais et la désespérance n’est jamais loin. Même l’encyclique Laudate deum, dernière charge en date du pape François contre les postures climatosceptques issues d’une modernité dévoyée, semble se faire plus discrète sur l’espérance, fondement d’une des trois vertus censées guider les chrétiens dans leur relation au monde et à Dieu.

Pourtant, dans les luttes écologistes se forgent des liens, des solidarités, autant d’embryons d’amour vécu pour les humains comme les non-humains. Et si l’espérance, en tant qu’elle accepte le dessaisissement, les pertes en cours, pour mieux mettre en lumière tout ce qui subsiste d’amour vécu, ressuscitable, pouvait être renouvelée par les tribulations fossiles ? Quel sens théologique donner alors à notre époque ?

Jeudi 11 janvier à 20h, avec Hélène Noisette, sœur auxiliatrice et membre du Centre de recherche et d’action sociales (Ceras).

2. L’écologie a-t-elle besoin de rituels ?

Le sociologue Émile Durkheim a bien montré l’importance que revêtent les rituels, positifs comme négatifs, dans toute société humaine. Ils rythment la vie, ses joies et ses peines, et tissent un récit commun qui fait tenir ensemble le groupe.

Dans nos pays sécularisés, les militants écologistes s’efforcent d’inventer de nouveaux rites, pour célébrer une victoire, pleurer un deuil, prendre soin de soi. Qu’apportent-ils à la lutte ? Comment nos traditions spirituelles peuvent-elles les nourrir ?

Jeudi 18 janvier à 20h, avec Caroline Ingrand-Hoffet, “pasteure de la ZAD” de Kolbsheim (Alsace), et Evel, militante passée par Extinction Rebellion et la ZAD du Carnet.

3. Sans fin du monde, point de salut ?

De l’apparition du concept de collapsologie à l’émergence de “biens immobiliers apocalyptiques”, destinés à mettre à l’abri les milliardaires globalisés en cas d’urgence imminente, les signes suggérant la possibilité d’une fin prochaine du monde (ou a minima d’un monde) ne manquent pas de se multiplier depuis une dizaine d’années, là même où l’ordre libéral dominant vaticinait au tournant des années 1990 une “fin de l’histoire” et une extension pérenne de la démocratie libérale et de l’économie de marché au monde entier.

Nourris des conclusions catastrophistes des résultats de recherche en sciences de la Terre, émergent çà et là des discours effondristes prédisant l’effondrement imminent de la civilisation thermo-industrielle. Ces discours, à la charge affective particulièrement lourde, semblent pouvoir bouleverser le cours de l’existence de certains individus et dessinent progressivement des communautés de pensée et même de vie. Peuplées d’individus initialement mus par une rationalité implacable, hostiles aux religions instituées et souvent issus de formations scientifiques, ces communautés semblent avoir basculé dans le mythologique voire le théologique, délaissant l’optimisation pour la prophétisation, sans renier pourtant leur attachement à la science.

Comment comprendre ces trajectoires biographiques apparemment paradoxales ? Qui sont ces effondristes et comment se recrutent-ils ? Dans quelle mesure leurs discours font-ils écho aux récits eschatologiques qui émaillent les différentes traditions spirituelles, et notamment le christianisme ? Quelles pourraient être enfin les implications poltiques de la diffusion de ces discours et croyances dans un monde en feu ?

Vendredi 2 février à 20h, avec Joseph Gotte, chercheur en communication politique et Cyprien Tasset, sociologue.