Enregistrement audio de la conférence
Enjeu de la conférence
Pendant le confinement, on a abondamment cité Blaise Pascal :
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ». Pourtant, loin d’être une invitation tranquille à l’impassibilité et à une sagesse coupée de la vie, l’oeuvre de Pascal est un vibrant chemin allant de la possibilité du désespoir à la quête de l’absolu et au désir insatiable de bonheur. Comment penser la condition humaine, prise en étau entre la certitude de la mort et le spectacle souvent affligeant de l’histoire ?
Le divertissement est-il le moyen de nouer avec la vie un rapport plaisant ?
La foi peut-elle se comprendre comme un acte de libération et non un absurde et lâche aveuglement ?
Des questions abordées lors de cette conférence organisée le 9 juillet 2020 au Dorothy. Par Foucauld Giuliani.
Textes utilisés
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » (Pensées, 139, extraits (éd. Brunschvicg)) (Texte 1)
« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de ne point y penser. » (168) (Texte 2)
« La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela, nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen plus solide d’en sortir. Mais le divertissement nous amuse, et nous fait arriver insensiblement à la mort. » (171) (Texte 3)
« Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les hommes vont à la guerre et que les autres n’y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre. Et cependant depuis un si grand nombre d’années jamais personne n’est arrivé à ce point où tous visent continuellement (…) Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu’il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant dans les choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu lui même. » (425, extraits)(Texte 4)
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser: une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. » (347, extraits) (Texte 5)
« (…) Par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends. » (348, extraits) (Texte 6)